datacentrique.jpgAutour de la Terre, les satellites artificiels transmettent nos communications et transportent une foule d’instruments d’observation et de capteurs : renseignement militaire, documentation du climat, monitoring des écosystèmes, surveillance des récoltes… Plus proche de la surface voici la zone des satellites de basse altitude qui connectent nos téléphones intelligents. Un peu plus bas, les avions sur pilote automatique communiquent avec les stations radar, les bases au sol, tandis que leurs événements internes s’enregistrent dans des boîtes noires. Passée la barrière des nuages se découvrent les réseaux lumineux des métropoles intelligentes. Les cargos, les navettes, les métros, les trains rapides, les flottes de véhicules autonomes se transmettent des signaux, restent en contact avec les satellites et les balises routières, s’échangent leurs passagers et leurs marchandises dûment identifiés. Surveillant le moindre coin de rue, truffant le sous-sol, flottant au milieu des océans, guettant sur les côtes et les sommets, embarqués sur les drones aériens ou sous-marins, les antennes, les capteurs, les caméras inondent de données les centres de calcul. Écouteurs, gants et chaussures sont connectés. Nous voici pourvus de bracelets qui enregistrent notre pouls, la composition chimique de notre sang et de notre peau, envoient les données pour analyse dans les nuages, reçoivent les notifications et conseils de santé en temps réel… Grâce aux identités infalsifiables de l’informatique portable nous passons partout sans fouille ni mot de passe. Les lunettes branchées prennent photos et vidéos, surimposent des couches virtuelles à la vision optique ordinaire et projettent sur demande des cartographies de données. Nos jeux de domination s’alignent sur les capacité d’exploitation de la mémoire et les vitesses d’analyse. Les nouveaux partis politiques rassemblent leurs membres autour de thèses épistémologiques. Entremêlés dans l’économie mondiale et le nouvel espace public transnational, nos essaims d’intelligence collective collaborent et se combattent sur les territoires hyper-connectés des grandes métropoles. Réfléchissant la pensée humaine sur le miroir sémantique du cloud, l’évolution des écosystèmes d’idées déploie son inépuisable spectacle immersif et multi-joueur. La prospérité, la sécurité, l’influence, tout se ramène à une forme ou une autre d’optimisation cognitive… sauf peut-être dans les zones analogiques reculées, presque désertes, qui s’étendent loin des grands centres.