Le tournant numérique en sciences humaines
Ce billet rend compte de ma communication au colloque Humanistica à Montréal, le 20 mai 2022.
Les chercheurs en sciences humaines et sciences sociales constituent des bases de données pour l’analyse, la fouille et le partage. L’indexation des documents en ligne est cruciale pour les auteurs, les éditeurs et les lecteurs. Aujourd’hui, il existe une multiplicité de systèmes de métadonnées sémantiques et ontologies selon les langues, disciplines, traditions et théories. Ces systèmes sont souvent hérités de l’ère de l’imprimerie.
Dans ce contexte, le métalangage IEML propose un outil de modélisation et d’indexation programmable, capable d’assurer l’interopérabilité sémantique sans uniformiser les points de vue.
En IEML il y a coïncidence entre les concepts et leur représentation linguistique. Exprimés en IEML plutôt qu’en langue naturelle, les concepts deviennent auto-explicatifs et univoques (sans ambiguïtés lexicale ou syntagmatique). Les concepts d’ontologies différentes sont composés à partir des mots d’un même dictionnaire IEML selon une grammaire régulière. Il devient donc possible d’échanger collaborativement des modèles et sous-modèles entre chercheurs parlant des langues différentes et venant de disciplines distinctes. En somme, IEML résout le problème de l’interopérabilité sémantique.
Une plateforme pour la conception et le maintien collaboratif de graphes sémantiques est en vue. (ontologies, systèmes d’indexation, étiquettes pour le machine learning, etc.).
Un nouvel outil sémantique
IEML n’est pas un format – de données ou de métadonnées – mais une langue qui possède:
• un dictionnaire compact de 3000 mots (accessibles en anglais et français)
• une grammaire entièrement régulière
• le tout intégré à un éditeur-parser
IEML a les mêmes qualités et forces sémantiques qu’une langue naturelle. Ainsi, IEML peut traduire toutes les langues naturelles et peut servir de pivot entre langues naturelles. Sa sémantique est calculable parce que c’est une fonction de sa syntaxe (qui est régulière).
Destinés à la construction de graphes sémantiques, ses phrases peuvent prendre deux formes: nœuds ou liens. IEML possède des instructions permettant de programmer des graphes sémantiques tels que : hypertextes, ontologies et modèles de données.
Les mots
En utilisant la grammaire et les mots du dictionnaire, l’éditeur IEML permet de générer récursivement autant de concepts que l’on veut. Chaque mot en IEML est construit de manière régulière à partir de
6 primitives (lettres majuscules).
Les six primitives, tout comme les autres lettres d’IEML sont des mots et dénotent des concepts lorsqu’elles sont utilisées seules. Lorsqu’elles sont utilisées dans un autre mot, elles représentent des places dans des systèmes de symétrie: symétrie 1 pour E, symétrie 2 pour U/A, symétrie 3 pour S/B/T. Pour plus de détails sur les primitives d’IEML, voir: https://intlekt.io/semantic-primitives/
L’opération générative pour les mots a trois rôles: substance ☓ attribut ☓ mode.
En combinant cette opération générative (☓) avec une opération de jonction (+), on peut former des paradigmes de mots. Ci-dessous les 25 lettres minuscules sont réunies dans une table paradigmatique qui multiplie U+A+S+B+T en substance par U+A+S+B+T en attribut, avec un mode toujours vide.
Dans l’image ci-dessus, les couleurs signalent quatre systèmes de symétries (4, 6, 6, 9) dont les lettres occupent des positions déterminées. Pour en savoir plus sur les 25 lettres minuscules, voir: https://intlekt.io/25-basic-categories/
En IEML, les paradigmes de mots, comme d’ailleurs les paradigmes de phrases, sont des systèmes de symétries sémantiques représentés par des systèmes de symétries syntaxiques. Par exemple, le paradigme ci-dessous organise les relations spatiales. Les deux premières rangées organisent les relations spatiales selon les axes vertical (première rangée) et horizontal (deuxième rangée). Les trois rangées inférieures organisent les entrées et sorties, la latéralisation et les chemins.

Retenons que le dictionnaire d’IEML est avant tout une boîte à outils pour construire de nouvelles catégories au moyen de phrases.
Les phrases
Les neuf rôles de la phrase – en vert dans l’exemple ci-dessous – ainsi que les * auxiliaires, les ~ flexions et les & jonctions permettent l’expression de récits et d’explications causales. Les # mots en français sont des alias de mots ou de concepts-phrases en IEML.
La création de relations sémantiques
En IEML, les relations sémantiques ne se créent pas une par une “à la main” mais se programment. L’instruction de création de relations sémantiques ci-dessous se décompose en deux parties. La partie qui commence par @link énonce la phrase de lien avec les deux variables $A et $B: “Le mot A signifie le contraire du mot B”. Les numéros 0, 1 et 8 sont des raccourcis pour les rôles de phrase: racine, initiateur et manière. La partie qui commence par @function énonce le domaine (en l’occurrence le paradigme de relations spatiales ci-dessus) qui est concerné par la création de relations et il énonce les conditions nécessaires en termes d’adresses syntaxiques et de contenu. La fonction de création de relations n’utilise que deux “équations” connectées par des “ET” et des “OU”:
adresse syntaxique A == adresse syntaxique B
adresse syntaxique A == contenu c
Remarquons que l’instruction déclarative ci-dessus crée 30 relations sémantiques d’un coup!
Indexation, noms propres, référence et auto-référence.
IEML traite explicitement les noms propres et les références qui ne sont pas des catégories générales. L’exemple ci-dessous donne trois exemples : un nom, un nombre et un lien hypertexte. Pour en savoir plus sur le traitement des noms propres en IEML voir:
https://pierrelevyblog.com/2021/07/13/les-noms-propres-en-ieml/
IEML peut aussi faire référence à ses propres expressions: liens, définitions, commentaires, etc. L’exemple ci-dessous est pris au paradigme des relations spatiales et à la relation “le mot A signifie le contraire du mot B” examiné plus haut.
Plusieurs ontologies sont actuellement en cours de développement. N’hésitez pas à me contacter si vous êtes intéressés par IEML!
Bonjour, M. Lévy,
Oui, nous sommes très intéressés par la rencontre avec l’IEML. Nous faisons partie d’un groupe de maîtres professionnels en médias créatifs et cyberculture ici au Brésil, à Rio de Janeiro (UFRJ-ECO). Vous pouvez venir nous parler en ligne.
Nos réunions ont lieu tous les jeudis, de 18h30 minutes à 21h30 minutes.
Seriez-vous intéressé à passer 15 à 20 minutes de votre temps avec nous ?
Si oui, pouvez-vous nous écrire un courriel ou nous envoyer un message via zap ?
Karen Acioly
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